La Maison coloniale de santé

L’un des premiers hôpitaux psychiatriques : la Maison coloniale de Santé de Saint-Pierre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

· Musées et Lieux

L’UN DES PREMIERS HÔPITAUX PSYCHIATRIQUES : LA MAISON COLONIALE DE SANTÉ DE SAINT-PIERRE

Véritable innovation pour l’Histoire psychiatrique en Martinique, la Maison coloniale de Saint-Pierre vit le jour dans les années 1830 et se trouve dans le quartier du Fort, l’un des quartiers anciens de l’île, à la rue Levassor.
 

Elle permettait de traiter la plupart des pathologies psychiatriques de l’époque et même après 1848 jusqu’à l’éruption de 1902 qui a fait de ce lieu de mémoire, un lieu de silence et de recueillement.

L’UN DES PREMIERS HÔPITAUX PSYCHIATRIQUES DE LA MARTINIQUE

Fondée dès 1837, par le docteur Devèze, directeur de l’hôpital de Saint-Pierre, la Maison coloniale de Santé ouvre ses portes de 1839. En effet, elle est constituée, à partir de 1838, par le rachat successif de maisons privées aux confins de la zone urbanisée du Fort.
 

Cette institution privée a été fondée pour faire suite à la loi du 30 juin 1838 sur la dotation des villes françaises d’un asile, par Monsieur M.A Lemaire sous le gouvernement de Monsieur Le Contre-Amiral de Moges. Le service est assuré par les religieuses de Saint-Paul.
 

Les fouilles archéologiques de 1989 à 1991 ont permis de révéler le passé extraordinaire de ce lieu de mémoire et d’en dessiner les contours architecturaux [1].
 

La partie Est, à l’extrémité de la rue Levassor, s’élevait sur deux niveaux artificiels établis sur des remblais retenus du côté de la rivière par un imposant mur de soutènement. Le long de la rue s’alignait une série de locaux. L’un d’eux s’ouvrait à la fois sur la rue et la terrasse. Huit cellules juxtaposées aménagées dans l’épaisseur de la terrasse s’ouvraient sur le niveau inférieur qui pouvaient héberger les malades mentaux les plus atteints. On y accédait par un escalier dans l’épaisseur duquel se trouvaient des latrines.

En contrebas de la terrasse, se trouvait la cour « dite des sœurs », pavée et arborée, donnant la possibilité d’avoir de l’ombrage. Cette partie recevait sans doute une partie des malades qui prenaient leur repas sous le portique-réfectoire. Deux séries de cellules composites sur vide sanitaire se faisaient face.

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Cette cour était entourée de deux autres cours, celles des fous qui accueillaient des pensionnaires privilégiés ou atteints de pathologies légères et celle de la morgue.
 

La partie médiane a révélé en bordure de rue la présence d’installation d’hydrothérapie car il fut prouvé que les eaux provenant des flancs de la Montagne Pelée possédaient des vertus thérapeutiques pour le traitement de malades mentaux.
 

Il faut savoir qu’un troisième niveau fut aménagé en jardin à partir de 1856 s’étendant entre la rivière Roxelane et le mur de soutènement principal.

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L’HYDROTHÉRAPIE : L'INNOVATION THÉRAPEUTIQUE DE L'ÉPOQUE

S’appuyant sur l’ordonnance du 16 décembre 1839 – portant sur le règlement des établissements publics et privés consacrés aux aliénés – qui stipule que ces derniers devaient justifier d’une bonne alimentation en eau, tant en quantité qu’en qualité ; la Maison coloniale de Santé s’est donc dotée d’un ingénieux système hydraulique pour ses soins thérapeutiques mais également pour ses besoins sanitaires et domestiques. Mis en place par les bureaux du Génie, situés juste en face, cette institution pouvant alors tirer parti de la proximité de la rivière Roxelane dans le but d’offrir apaisement et quiétude aux malades.

En effet, la chimiothérapie limitée à l’époque et l’augmentation constante du taux de malades entre 1839 à 1902 (l’abolition de l’esclavage de 1848 accentuant ce taux), permit d’affiner cette technique novatrice qui était le seul traitement proposé aux malades.

De ce fait, la salle d’hydrothérapie était équipée pour les bains et les douches qui témoignent de l’utilisation des vertus thérapeutiques des eaux péléennes.

D’ailleurs, le quartier d’isolement, située en contrebas de la Maison coloniale de Santé, bénéficiait des bruits sonores de la rivière afin de calmer les malades qui étaient affectés. On suppose que ces derniers étaient assez dangereux et à réinsertion difficile et c’est la raison pour laquelle ils étaient écartés du groupe. Cette catégorisation de malades découle du traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale (1800-1801) de Philippe PINEL.

L’ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE : L'ÉPISODE DÉVASTATEUR DE L'HISTOIRE DE SAINT-PIERRE

La puissance de l’éruption de la montagne péléenne dévasta la Maison coloniale de Santé laissant quelques parties du bâtiment visibles ainsi que des chaises de force qui semblent arrêter le temps, un instant.

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L’ensemble du personnel soignant et des pensionnaires périrent lors de la catastrophe de 1902 ainsi que cinq sœurs de Saint-Paul de Chartres, communauté religieuse apostolique et missionnaire qui se consacre à l’éducation, aux soins des malades et au service de la pastorale.

Véritable témoin du passé glorieux de Saint-Pierre, la Maison coloniale de Santé nous livre un témoignage émouvant et historique des avancées psychiatriques de l’époque de l’île. Il constitue donc un lieu chargé de mémoire, faisant partie de l’étonnant musée urbain à ciel ouvert de la Ville d’Art et d’Histoire de Saint-Pierre.

NOTES :

BIBLIOGRAPHIE :